Le bus fantastique : un extraordinaire album-monde - Bibliopôle Maine-et-Loire

A la lisière de la grande ville d’Ahnstarr, où s’étendent des buildings d’affaires et des enseignes commerciales à perte de vue, une poignée de déshérités survit modestement dans un bidonville insalubre. Mais les pelleteuses déployées par les autorités auront bientôt raison de ces cabanons de fortune. Les habitants cherchent une échappatoire à la catastrophe imminente. Parmi eux, le petit Timo, fils adoptif de Madame Friby, souffre d’une maladie inconnue, sans doute provoquée par l’air vicié de la grande cité. Un espoir demeure : la fleur de lilas-safran, originaire de Balanka, pays du bonheur, qui peut peut-être sauver Timo.

Les rescapés de la favela détruite s’organisent pour construire un gigantesque bus, mi-roulant mi-volant, qui les conduira à Balanka. Le périple du bus fantastique à travers la toundra, les montagnes, les glaces et même la stratosphère, est semé d’embûches, mais aussi de découvertes incroyables et superbes. Cependant, l’état du petit Timo s’aggrave, et les voyageurs doivent poursuivre leur chemin sans délai pour pouvoir sauver l’enfant.

Le bus fantastique est un extraordinaire album-monde, sur lequel le danois Jakob Martin Strid a travaillé plus de quinze ans. L’artiste nous offre un voyage initiatique lumineux, lucide, fourmillant de détails et d’idées, superbement mis en scène, avec une justesse plastique et un sens de l’image proprement cinématographique, au service d’une épopée à la fois exigeante et sensible, qui ne verse jamais dans la facilité ou le manichéisme et prend tous ses lecteurs, quel que soit leur âge, très au sérieux. La charge politique de l’ouvrage n’empêche aucunement la poésie, la délicatesse et la beauté : la chute du damier à perles de Madame Friby et l’envol des étamines de lilas-safran à travers le monde sont des instants suspendus, purs, à couper le souffle. Un livre-objet magnifique, incontournable, essentiel.

Le bus fantastique, Jakob Martin Strid, Pocket jeunesse, 2024, 212 p.